Prêt d'oeuvre / La guitare dite "de Célimène"
À l'occasion de l'exposition Tschiéga Ségas, Musiques et danses de l'océan Indien, présentée au musée Stella Matutina du 21 septembre 2019 au 1er mars 2021, le musée historique de Villèle prète la guitare dite "de Célimène", pièce emblématique de la collection.
Cette petite guitare romantique, dite "guitare de Célimène" entre dans les collections du musée Léon Dierx en 1911 et fait l’objet d’un dépôt permanent pour les collections du musée historique de Villèle en 1989. Bien que l’on trouve une guitare similaire dans une représentation de Louis Antoine Roussin de Célimène, datée de 1881, rien ne permet d’attester officiellement l’appartenance de cette guitare à la célèbre poétesse Célimène Gaudieux.
Marie Monique, dite Célimène, née à Saint-Paul le 20 avril 1807. Elle est la fille de Candide, une esclave créole.
Deux mois après sa naissance, elle est achetée, avec sa mère, par un cultivateur de La Saline, Louis Edmond Jean (ou Jeance). Affranchie le 14 novembre 1811, en même temps que sa fille, Candide épouse Louis Edmond Jeance le 26 avril 1830.Ce dernier, né à Saint-Paul le 28 septembre 1789 est lui aussi d’origine affranchie.
Le 3 octobre 1839, Célimène épouse un ancien gendarme, Pierre Gaudieux, âgé de 24 ans et originaire de la Dordogne. Le couple s’installe à la Saline, sur la route de TroisBassins, où ils tiennent une auberge, relais d’étape entre Saint-Paul et Saint-Leu. C’est le lieu de rendez-vous des voyageurs qui empruntent la route nationale reliant le nord au sud de l’île.
La muse de Trois-Bassins
Dans son auberge baptisée « Hôtel des hommes d’esprit, les imbéciles doivent passer sans s’y arrêter », Célimène distrait les voyageurs, par des chansons souvent composées à partir de ses propres poèmes, qu’elle interprète en s’accompagnant de sa guitare.
Célimène est une femme d’une vive intelligence. Elle écrit aussi bien en vers qu’en prose, en français et en créole, bien que n’ayant pas fréquenté l’école en raison de son statut d’esclave. On ne saurait dire cependant que Célimène relève du génie poétique. Ses vers sont dit-elle « à tort et à travers ». Sans césure, ni élision, ils riment seulement pour l’oreille.
Sa renommée dépasse bien vite le cadre de son village de La Saline. Les voyageurs venant de Saint-Denis ou de Saint-Pierre ne manquent jamais de s’arrêter chez elle. Symbole de la poésie populaire réunionnaise, Célimène s’éteint à Saint-Paul le 13 juillet 1864.
nv. 1989.203, Guitare, 19e s.
Bois, métal
L. 92 x l. 29 x h. 10 cm