Rant dann ron, maloya la pa nou la fé...

Sur les traces du maloya

Jean-Marc Grenier, restitution de résidence
Etage du musée, jusqu'au 5 mars

Servis Kabaré
Bras-Fusil, novembre 2022
© Jean-Marc Grenier

Qu’il soit spontané ou programmé, le ron maloya rassemble la société réunionnaise dans la convivialité, sans distinction d’origine, de genre, d'âge ou de classe sociale. Un maloya joué à terre où tout le monde participe en prise directe avec les musiciens et une large palette d’émotion qui transfigure les visages au gré des rythmes et des chants. Un maloya qui unit dans une communion des sens.

Mais remonter à la source du Maloya passe aussi par l’expérience spirituelle du servis kabaré, cette cérémonie profonde qui rend grâce aux aïeux, les remercie et leur demande de donner courage, force et santé à la famille et aux convives. Reine-Claude est la première à accueillir le photographe lors de son servis : 

« Je me souviens des servis lorsque j’étais toute jeune. C’était modeste, il n’y avait pas de rouler, juste des bidons en fer en guise de percussion et les battements de mains. Ça dansait, ça chantait tout en veillant à ne pas faire trop de bruit pour éviter les problèmes. Il n’y a pas si longtemps et aujourd’hui encore, certaines personnes associent les servis à de la sorcellerie, à des pratiques peu recommandables. Ils manquent d’ouverture d’esprit. Pourtant, dans le monde entier les cérémonies aux ancêtres sont nombreuses sous différentes formes. Nous n’en avons pas honte, au contraire ! Le servis kabaré c’est un grand moment de partage où nous donnons et nous recevons en remerciant les ancêtres au rythme du Maloya sacré. »

Au-delà du roulement du rouler, des martèlements du piker et du sati, des ressacs du kayamb, c’est la ferveur de centaines de personnes communiant et chantant en chœur autour des musiciens qui bouleverse. Être au cœur de ce cyclone musical et tenter d’en rendre compte au plus proche des familles est le point central de cette résidence, une photographie du Maloya au début du XXIe siècle.