Zanzibar - Série Noirs et Blancs - Zanzibar

Numéro d'inventaire

2023.1.1

Désignation

Zanzibar

Désignation

Série Noirs et Blancs

Création/Exécution

Photographe

/02/2023

Auteur

Kugel Karl

La Réunion

Matière et technique

Digigraphie

Papier

crayon gras

Rehaut de couleur

Mesures

Hauteur en cm : 86

Largeur en cm : 60

Domaine

Photographie

Inscriptions / marques

Recto

Tampon

tampon rouge rond croix grecque à l'intérieur

Verso

Tampon

tampon rouge rectangulaire avec inscription Karl Kugel à l'intérieur

Description analytique

Les créations visuelles de Karl Kugel sont conçues spécialement pour l’édition française du roman « Schwarze und Weisse, Skizzen aus Bourbon » (Noirs et Blancs. Esquisses de Bourbon), de l’auteur franco-allemand Gustave Oelsner-Monmerqué (1814-1854).
Redécouvert il y a quelques années et traduit par Marlene Tolède, Gabriele-Fois-Kaschel et Julie Dumonteil – ce roman est une première fois coédité en 2014 par l’Université de La Réunion (centre de recherches DIRE) et le Musée historique de Villèle dans la Collection Patrimoniale Histoire. En 2017 puis 2021 l’ouvrage sera réédité et enrichie des images de Karl Kugel.
Le travail de Karl Kugel se pose comme une alternative au reportage de la photographie humaniste souvent emprunte d’un réalisme poétique.
Comme Depardon qui revendique la possibilité de photographier des temps morts où peut entrer la subjectivité de l’artiste, Karl Kugel produit des images objectives avec peu d’éléments, dépourvues de tout pittoresque. Il met ensuite ses clichés « en vue » constituant ainsi des séries où les images s’articulent entre elles suivant un scénario non explicite, non directif. Evoluant entre la dimension documentaire et fictionnelle, le spectateur est ainsi invité à construire son propre récit narratif.
La subjectivité des images permet à l’artiste de les faire parler au grès de nouveau contextes dans de nouvelles « mises en vue ». Ainsi pour le projet « Noirs et Blancs », kugel crée de nouvelles images, retravaille des documents anciens et recontextualise des photos prises à La Réunion et au Mozambique.
Il en va ainsi de « Vénus » et « Jupiter » (2023.1.6 et 7) photos prises au Mozambique en 1998 pour le projet « Récit des corps ».
Danseur de combat du nord du Mozambique, ce jeune homme devenu « Jupiter » occupe ici l’image de toute sa force, tel un jeune colosse, le corps solidement ancré dans le sol, prêt à affronter son triste destin, comme un contrepied aux corps objets des photographies anthropométriques de Désiré Charnay (1828-1915).
Autre image reprise du projet « Récit des corps », celle du manioc séchant au soleil (2023.1.10), tubercule importée par le gouverneur Mahé de La Bourdonnais au Mozambique et dans l’océan Indien pour nourrir les esclaves. Dans ce nouveau contexte, l’image ne peut que rappeler l’entreposage des esclaves dans les cales des bateaux négriers.
Kar Kugel retravaille l’ensemble de ces images au fusain, à la mine de plomb, au crayon gras ou au pastel rouge, afin d’y inscrire la tension du récit de l’esclavage.

Extrait de du roman de Gustave Oelsner-Monmerqué, "Noirs et Blancs, esquisse de Bourbon", éditions Riveneuve, Musée de Villèle, 2021, pp 20-21 :

"D’après ce que l’on dit, les contrées qui renferment des diamants sont toujours tristes, malsaines et le sol y est stérile. Tout homme qui s’y établit prend le risque de perdre à la fois la raison, la santé et la vie en y mourant de faim. Cependant des foules de gens y débarquent pour s’installer, poussés par la cupidité. Ils souffrent continuellement des pires privations, mais ne repartent qu’après avoir atteint leur but et étanché leur immense soif de richesse. Or ce n’étaient ni des perles, ni des diamants que les habitants de Zanzibar trouvaient sur le continent africain, mais les trésors qu’ils convoitaient représentaient pour eux une valeur comparable : c’étaient des esclaves qu’ils partaient chercher. Certes leurs visées n’étaient pas des plus nobles, mais ils ne couraient pas en vain après la déesse de la Fortune. Quelle est en effet pour un commerçant – abstraction faite des règles chrétiennes et de la morale – la marchandise la moins coûteuse ? Est-ce celle qu’il peut obtenir à un prix très modique avec la certitude d’en tirer plus tard bénéfice ? Est-ce celle qu’il lui suffit de prendre de gré ou de force dans la même expectative ? Cette dernière est incontestablement la plus rentable, d’autant plus qu’elle est si convoitée que son prix majoré par la concurrence, vaut mille fois la peine prise et le danger couru pour l’acquérir. Jusqu’au tout début de notre histoire, voilà donc ce que représentait la traite des esclaves."

Bibliographie

Musée historique de Villèle

Objet associé

2018.0.1 Schwarze und Weisse, Skizzen aus Bourbon

Propriétaire

Conseil départemental de La Réunion

Gestionnaire

Musée historique de Villèle

© 2023, Karl Kugel

Droits de diffusion/représentation

© 2023, Karl Kugel