Fontaine du bazar (St-Paul) - Saint-Paul

Numéro d'inventaire

1992.70.5

Désignation

Fontaine du bazar (St-Paul)

Création/Exécution

Dessinateur

; 1843

; La Réunion

Auteur

Barrère Joseph

  • Date de naissance1808
  • Lieu de décèsAgen
  • Date de décès1885
  • Nationalité / CultureFrançaise

Matière et technique

Gouache

; Pierre noire

; Gomme arabique

; Papier vélin

Mesures

Hauteur en cm : 21,2

; Largeur en cm : 27,7

Domaine

Dessin

Inscriptions / marques

Manuscrite

; Verso

; ce texte peut éventuellement être mis en relation avec le dessin 1992.70.2, une vue du cap la Marianne et de la baie de Saint-Paul, pouvant évoquer au dessus le Bernica...

; Nous avons déjà dit quelque chose du sort des esclaves. Leur condition n’est pas, à beaucoup près, aussi malheureuse qu’on le croit généralement en France. Cependant il y a des exceptions assez rares. On rencontre encore quelques maîtres durs à leur égard, mais hâtons-nous de le dire, ces hommes sont montrés du doigt, et contrastent singulièrement avec la douceur habituelle des créoles. Cette dureté de certains maîtres, et d’un autre côté la paresse habituelle des esclaves font déserter certains ateliers, et il est un assez grand nombre de noirs qui s’enfuient dans les bois, les uns pour échapper à des traitements trop sévères, les autres pour s’affranchir d’un travail qu’ils n’aiment pas ; le plus grand nombre de ces noirs rentre après quelques jours de marronnage, mais quelques uns s’en font une habitude, changent leur case pour les ravines ou pour les forêts, le travail pour le brigandage. La police leur fait une chasse incessante, mais il en est toujours qui échappent à ses investigations et qui deviennent la terreur du pays. On est donc loin d’être en sécurité dans les routes désertes, surtout pendant la nuit ; et malgré la vénération que les noirs ont généralement pour les prêtres, on n’en rencontre pas moins sur la route de St-Paul à St-Denis une croix qui marque la place où fut assassiné un missionnaire ; et la ravine du malheur, ainsi nommée depuis cet attentat, inspire toujours des craintes au voyageur aventureux. Les hauteurs de Bernica ont aussi leur célébrité pour leurs habitants marrons. Un soir vers dix heures, on vint frapper à ma porte, et me dire que sur ces hauteurs il y avait un esclave qui se mourrait dans une habitation isolée. Je ne balançais pas un instant, et je partis accompagné de Martin, mon domestique le plus fidèle et le plus dévoué. J’arrivai, après bien des fatigues à cette habitation, et je rencontrai en effet le prétendu malade. Je le trouvai devant sa porte, qui réclamait un prompt secours. A mon retour à travers les montagnes, je m’égarai dans la route ; la nuit était éclairée par la lune. Armé d’une longue barre, un noir d’un air farouche nous aborda, et se propose pour compagnon de voyage. Force nous fut de l’accepter, mais non sans hésitation. Il fallait pourtant dissimuler notre crainte, et pour ma part, je faisais bonne contenance. Arrivé près du Bernica, vous n’avez pas peur, nous dit le marron, en s’approchant de mon cheval ? Co[...] lui répondis-je, je te brûle la cervelle si tu bouges, et je tirais un crayon de ma poche, la seule arme que j’avais. A cette menace, le noir s’enfuit à toute jambe, et Martin me dit en sifflant : « Tout di bon, mon maître, moi la eu pèr, mais vout manière la sauvé nous ».

Signature

; Date

; b. d.

; J. B. 1843

Description analytique

Le père Barrère est nommé prêtre à Saint-Paul le 7 mars 1841 suite au décès prématuré du père Philippe, emporté par une " maladie de longueur " (phtisie). Le curé Barrère célébra la messe à Saint-Paul jusqu'en 1845 avant d'être remplacé par Alexandre Hippolyte Monnet.
Durant son séjour à Bourbon, le père Barrère a consigné ses impressions dans un carnet agrémenté de charmantes illustrations rehaussées à la gouache et à l'aquarelle, œuvres de petit format. De ce cahier, il nous reste qu'un ensemble incomplet de douze folios dont huit représentant des vues diverses de la ville de Saint-Paul, scènes de genre et paysages, véritables miniatures empruntes de fraîcheur et de naïveté et faisant découvrir un aspect de cette ville mal connu et à jamais disparu.
Au verso des vues illustrées se cachent les impressions et commentaires du prêtre, courts textes, aide-mémoire, rédigés dans un style rapide, voire télégraphique mais d'une belle écriture cursive et régulière.

Bibliographie

Musée historique de Villèle

; p.11

Objet associé

1992.70.1 Une messe à bord : 15 août : Même ensemble

; 1992.70.2 Saint-Paul. (Vue prise de la cascade au-delà du cimetière)

Propriétaire

Département de La Réunion

Gestionnaire

Musée de Villèle

© 2016, Jean-Pierre Woaye-Hune, Musée de Villèle